Comme les banques alimentaires et les associations caritatives (voir notre article ci-contre du 15 septembre 2009), les centres communaux d'action sociale (CCAS) ressentent à leur tour les effets de la crise. A l'occasion de son 62e congrès - sur le thème "Nouveau paysage territorial : l'action sociale au coeur des changements" -, l'Union nationale des CCAS (Unccas) a dévoilé, le 16 septembre, les résultats d'une enquête réalisée avec la Gazette Santé Social. Conduite en mai-juin 2009 et s'appuyant sur les réponses de 670 structures dans des communes de toutes tailles (651 CCAS et 16 CIAS), cette étude apporte des résultats très éclairants sur l'évolution de la demande sociale. Ainsi, 75,3% des répondants affirment avoir constaté une augmentation des demandes d'aides depuis le début de la crise, autrement dit depuis le dernier trimestre 2008. Ce sentiment croît avec la taille de la collectivité : les réponses positives vont en effet de 61,7% dans les communes de moins de 2.500 habitants à 83,3% chez celles de plus de 100.000 habitants. Les plus fortes demandes concernent les aides alimentaires (36,2%), suivies des aides financières (29,6%), des aides relevant d'autres acteurs (16,5%) et de l'accompagnement individuel (9,9%). Les communes de moins de 5.000 habitants enregistrent la plus forte proportion de demandes d'aides alimentaires, tandis que les aides financières prédominent dans les grandes villes. L'enquête révèle également des écarts significatifs entre régions, qui peuvent toutefois tenir pour partie aux faibles effectifs des sous-populations (670 répondants pour 22 régions, soit une moyenne de 30 réponses par région). La part des aides alimentaires varie ainsi de 32% en Rhône-Alpes à 52,6% en Basse-Normandie.
Comme l'ensemble des acteurs publics, les CCAS jouent un rôle contra-cyclique face à la crise : malgré la montée des demandes, 51,1% d'entre eux n'ont pas modifié le montant individuel des aides (et en ont donc accru la masse totale) et 39,4% l'ont même augmenté, alors que seuls 3,3% ont réduit les montants individuels. Cette même réaction face à la crise s'observe aussi en matière de critères d'attribution : 52,8% des CCAS n'ont pas modifié ces modalités (barèmes, plafonds du reste à vivre...). Plus d'un tiers (36,3%) ont toutefois procédé à des ajustements en la matière.
A cette croissance des demandes correspond une diversification des publics. Plus de la moitié (55,5%) des CCAS interrogés a le sentiment que le profil des demandeurs a évolué. Cette impression est encore plus forte dans les villes de 30.000 à 100.000 habitants (66,07%). Les CCAS estiment ainsi que 19,1% des demandeurs reçus depuis la crise correspondent à des personnes n'ayant jusqu'alors jamais sollicité d'aides. Les principales autres catégories sont les bénéficiaires de minima sociaux (20,4%), les retraités (19,7%), les demandeurs d'emploi (17,1%), les travailleurs pauvres (11,8%) et les jeunes de 18 à 25 ans (8,6%). Ces proportions varient très peu selon la taille de la commune. Ce constat sur la montée des demandes et la diversification des publics rejoint celui effectué, à la sortie de la campagne d'hiver, par les Restos du Coeur et les banques alimentaires et, plus récemment, par les grandes associations caritatives.
Jean-Noël Escudié / PCA
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