"Oui. Mais cela va dépendre si mes collègues me font confiance ou pas." Sans surprise, le président de l'Association des régions de France (ARF), Alain Rousset, a accepté, ce jeudi 18 octobre, la proposition de Bercy de présider le conseil national d'orientation de la Banque publique d'investissement. La question devrait être abordée lors de l'assemblée générale de l'ARF, le 28 novembre. Intervenant lors d'une conférence de presse dans le cadre du congrès de l'ARF qui se tient à Lyon les 18 et 19 octobre, Alain Rousset a considéré que la BPI ne serait un succès que si les régions y jouent un rôle de premier plan. "Il y a une homothétie entre une organisation administrative centralisée en silos, des régions qui n'ont pas assez de force et une absence dramatique d'entreprises de taille intermédiaire dans notre pays", a-t-il justifié lors de ce congrès, au lendemain de la présentation du projet de loi sur la future banque en Conseil des ministres (voir notre article du 17 octobre ci-contre). "Ce qui importe, c'est ce que la banque nous amène en plus de ce que nous avons déjà mis en place avec la Caisse des Dépôts et Oséo : des décisions rapides et des niveaux d'intervention élevés", a ajouté Alain Rousset.
Lors d'une table ronde consacrée à l'innovation et à la compétitivité, le directeur général de la Caisse des Dépôts et futur président du conseil d'administration de la BPI, Jean-Pierre Jouyet, a rappelé que tout n'était pas encore bouclé. "Nous n'avons actuellement qu'un projet de loi qui reste assez général", a-t-il déclaré, laissant entendre que les débats parlementaires seraient cruciaux, de même que la mission de préfiguration confiée mercredi à Nicolas Dufourcq, actuel directeur général adjoint de Capgemini. Ce dernier devrait par la suite être nommé directeur général de la banque. Alors que le texte prévoit que deux représentants des régions siègent au conseil d'administration de la BPI, Jean-Pierre Jouyet s'est dit ouvert à ce qu'il y en ait plus. "Nous n'allons pas prendre les régions comme des acteurs qui arriveraient dans le développement économique sans expérience. Les régions ont déjà l'habitude de faire des financements en investisseurs avisés", a-t-il expliqué. Le directeur général de la Caisse des Dépôts répondait aux accusations de clientélisme ou d'amateurisme entendues ces derniers jours au sujet des régions.
Accusations qui ont fait bondir le président de Midi-Pyrénées, Martin Malvy. "J'ai signé 1.050 contrats en trois ans avec des entreprises de la région. Nous attribuons des avances remboursables. Qui peut imaginer que nous les attribuons en fonction de l'étiquette politique de leur dirigeant ? C'est absurde, insultant et contraire à la réalité", a-t-il déclaré.
Pour le président de l'ARF, il n'est pas question de soutenir des "canards boîteux". "Je vous défie de trouver un seul fonds régional de capital risque, d'amorçage ou d'innovation en difficulté", a lancé Alain Rousset. Le président de la région Aquitaine a cependant souhaité que la BPI puisse proposer des "fonds de retournement", à l'image de ce qui se fait en Allemagne. L'idée serait d'intervenir pour aider une entreprise en difficulté, la "retourner". C'est-à-dire la soutenir dans des choix délicats : investissements ou licenciements... "Si on veut sauver une technologie, il peut être préférable de passer de 250 à 60 salariés", a-t-il expliqué.
En dehors de la gouvernance de la future banque, les régions auront surtout le rôle de premier contact des entreprises, les guichets régionaux de la BPI prenant ensuite le relais avec leurs gammes de produits. Conformément à l'acte du 12 septembre signé entre l'Etat et les régions (voir notre article du 13 septembre ci-contre), celles-ci pourront créer des plateformes d'accueil, sorte de "front office" commun. "La région gère 1.300 dossiers d'entreprises par an. C'est elle qui va fournir la clientèle à la BPI, l'accompagnement, pré-instruire les dossiers…", a expliqué Alain Rousset. Une vision partagée par Jean-Pierre Jouyet pour qui "l'acteur régional doit être un apporteur de projets, un capteur d'initiatives". "On ne peut pas faire de procès d'intention à une banque en train de se créer et qui a pour but de simplifier et d'harmoniser les procédures qui concourent au développement économique", a-t-il conclu.
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