A l'occasion d'un déplacement en Dordogne, Aurélie Filippetti a inauguré, le 24 avril, le chantier de Lascaux 4. Cette opération regroupe à la fois une réplique de la célèbre grotte (dont l'original est fermé au public depuis 1963 sur une décision d'André Malraux) et un centre voué à la Préhistoire et à l'art pariétal.
La reproduction intégrale de la grotte fera appel à la numérisation et aux dernières technologies de pointe : torches interactives, projections 3D... Pour sa part, le centre d'expositions et de conférences sur la Préhistoire bénéficiera d'une surface de 11.000 m2. Il sera installé à Montignac - la commune qui abrite Lascaux -, avec pour ambition de faire de cette dernière un centre de référence sur la Préhistoire, mais aussi un nouveau pôle d'attractivité dans une région déjà très touristique. Les nouveaux équipements devraient en effet permettre de porter la fréquentation du site de 250.000 visiteurs annuels aujourd'hui (pour Lascaux 2, la reproduction "mécanique" de 80% de la grotte) à 400.000 visiteurs en régime de croisière.
La conception architecturale a été confiée, en 2012, au cabinet norvégien Snohetta, auteur notamment du pavillon du Musée du 11 Septembre à New York. Le coût de l'investissement est estimé à 57 millions d'euros. Le nouveau site devrait ouvrir au printemps 2016.
Tout comme la grotte originale - qui a survécu à l'acidification des parois, à la maladie verte, à la maladie blanche... -, Lascaux 4 a tout du miraculé. En septembre 2012, Aurélie Filippetti avait en effet annoncé l'arrêt de plusieurs projets culturels du précédent gouvernement (voir notre article ci-contre du 10 septembre 2012). Pour la ministre de la Culture, il s'agissait de mettre un terme à des projets "annoncés avec légèreté et, pour l'essentiel, non budgétés par l'équipe Sarkozy".
Outre la Maison de l'histoire de France, le centre du patrimoine de Cergy-Pontoise, la salle supplémentaire de la Comédie-Française à La Bastille, le musée de la Photographie à l'hôtel de Nevers et d'autres projets encore, Lascaux 4 figurait sur la liste des opérations condamnées. Dans une interview au Monde du 11 septembre, Aurélie Filippetti affirmait ainsi : "Lascaux 4, autrement dit le Centre d'art pariétal, 50 millions d'euros pour un projet non prioritaire, nous l'arrêtons."
Ce sont les collectivités territoriales qui ont sauvé Lascaux 4. D'une part, en annonçant qu'elle se substitueraient à l'Etat si celui-ci ne revenait pas sur sa décision. D'autre part, en intervenant auprès du chef de l'Etat, Alain Rousset estimant que "les ministres ont des patrons, qui s'appellent le Premier ministre et le président de la République" (voir notre article ci-contre du 14 septembre 2012). L'intervention du président de la région Aquitaine et de l'Association des régions de France ajoutée à celle de Bernard Cazeau, président du conseil général de la Dordogne, avaient fait leur effet puisque, quelques semaines plus tard, Aurélie Filippetti annonçait que l'Etat apporterait finalement une enveloppe de 4 millions d'euros, sur le budget 2014 (voir notre article ci-contre du 20 novembre 2012).
Dans une interview au quotidien Sud Ouest du 24 avril dernier, la ministre de la Culture affirme que "l'engagement que j'ai pris, à hauteur de 4 millions d'euros, sera, lui, tenu [...]. Ce plan de financement est donc sécurisé, ce ne sont pas des déclarations d'intention. C'est un engagement sûr et définitif qui n'est pas remis en cause par le nouveau plan d'économies". Une précision utile par les temps qui courent...
Il reste que cette enveloppe de 4 millions d'euros (7% de l'investissement prévisionnel) est loin des 16 millions d'euros annoncés par le précédent gouvernement, mais qui, selon la ministre, "n'avait en réalité inscrit aucun crédit budgétaire pour participer au financement [...]".
A l'inverse de l'Etat, l'Europe investit massivement dans le projet, puisqu'elle apporte une enveloppe conséquente de 12 millions d'euros, auxquels devraient s'ajouter 5,8 millions d'euros de mécénat (via une souscription nationale) et 2 millions apportés par le futur exploitant.
En tout état de cause, Lascaux 4 restera un projet porté très largement par les collectivités territoriales, la région Aquitaine et le département de la Dordogne apportant chacun 16,6 millions d'euros.
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